Allyson Beauregard
CANADA – La ministre des Finances Chrystia Freeland a déposé l’énoncé économique du gouvernement fédéral à la Chambre des communes le 27 novembre. Le gouvernement se prépare à dépenser jusqu’à 100 milliards de dollars pour relancer l’économie post-pandémique tout en prévoyant un déficit de 381,6 milliards de dollars pour l’exercice 2020-2021.
« Nous ferons tout ce qu’il faut pour aider les Canadiens à traverser cette crise. Nous investirons dans toutes les mesures de santé publique nécessaires. Nous soutiendrons les Canadiens et les entreprises canadiennes de manière ciblée et efficace. Et nous veillerons à ce que l’économie canadienne qui émerge de cette pandémie soit plus verte, plus inclusive, plus innovante et plus compétitive que celle qui l’a précédée, avec une classe moyenne plus forte et plus résistante », a déclaré Mme Freeland, faisant remarquer que le Canada est confronté à une « récession comme aucune autre ».
« Comme nous l’avons appris lors des précédentes récessions, le risque de fournir un soutien trop faible l’emporte désormais sur celui de fournir un soutien trop important. Nous ne répéterons pas les erreurs des années qui ont suivi la grande récession de 2008 », a-t-elle ajouté.
Mme Freeland a déclaré que le gouvernement fédéral a investi sur de nombreux fronts pour lutter contre la pandémie de COVID : 322 milliards de dollars jusqu’à présent en mesures directes et 85 milliards de dollars en reports d’impôts et de droits. « C’est le plus important plan d’aide économique pour notre pays depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-elle déclaré.
À ce jour, le Canada a récupéré près de 80 % des plus de 3 millions d’emplois perdus au début de la pandémie. La subvention salariale d’urgence du Canada a permis de protéger plus de 3,9 millions d’emplois canadiens.
Une fois le virus sous contrôle, le gouvernement prévoit de déployer un plan de relance à court terme, en dépensant environ 3 à 4 % du produit intérieur brut (PIB)
sur trois ans, soit entre 70 et 100 milliards de dollars, pour réaliser des investissements limités dans le temps destinés à sortir le Canada de la récession. Le gouvernement prévoit qu’un soutien financier sera nécessaire "jusqu’en 2021" afin de protéger les emplois et d’éviter des pertes économiques permanentes.
« Lorsque l’économie aura repris, les mesures de relance limitées dans le
temps seront retirées et le Canada reprendra une trajectoire budgétaire prudente et responsable, basée sur un ancrage budgétaire à long terme, que nous définirons lorsque l’économie sera plus stable », a déclaré Mme Freeland.
En attendant, le gouvernement fait un "acompte" sur le plan de croissance en investissant dans des mesures comme : jeter les bases d’un système pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants ; des programmes visant à soutenir la transformation écologique de l’économie ; des investissements dans les tests et la traçabilité COVID; l’achat d’EPI et 150 millions de dollars pour améliorer la ventilation dans les bâtiments publics ; la création du Programme de crédit pour les secteurs fortement touchés, destiné aux industries canadiennes les
plus touchées ; la création d’un nouveau Fonds pour la sécurité des soins de longue durée d’un milliard de dollars qui contribuera à protéger les personnes âgées et les plus vulnérables ; et l’octroi d’une somme pouvant atteindre 1 200 dollars en 2021 pour chaque enfant de moins de six ans aux familles ayant droit à la Prestation canadienne pour enfants.
Le gouvernement augmente également le taux maximum de la subvention salariale d’urgence du Canada à 75 % du 20 décembre 2020 au 13 mars 2021, et prolonge la subvention salariale d’urgence du Canada et l’aide à l’immobilisation jusqu’au 13 mars 2021 (tous les programmes sont en vigueur jusqu’en juin 2021).
Perspectives financières
Le déficit devrait diminuer sensiblement au cours des deux prochains exercices
financiers, pour atteindre 121,2 milliards de dollars en 2021-22 et 50,7 milliards de dollars en 2022-23, à mesure que l’économie se redressera et que le besoin de mesures temporaires diminuera. En 2025-26, le déficit devrait tomber à 24,9 milliards de dollars, soit 0,9 % du PIB.
Ce déficit est justifié, a déclaré le député de Pontiac William Amos. « Cette crise exige un soutien ciblé et limité dans le temps pour maintenir les gens et les entreprises à flot et pour nous sortir de la récession COVID-19. Nous nous endettons pour que les ménages et les familles canadiennes n’aient pas à le faire, pour empêcher les ménages de faire faillite et les entreprises de fermer définitivement leurs portes », a-t-il déclaré.
Selon M. Amos, le Canada est entré dans la pandémie avec la position budgétaire la plus solide de tous les pays du G7 et la conserve toujours. « En même temps, la dette COVID-19 est abordable, avec des coûts de service de la dette et des taux
d’emprunt à leur plus bas niveau en 100 ans, que nous bloquons à long terme »,
a-t-il ajouté.