Merci Michaela!

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Francois Carrier
Éditorialiste Invité
Guest Editorialist

L’aventure de Michaela Cahill à l’émission La Voix n’a pas seulement
été un parcours artistique ou un divertissement médiatique, mais une preuve du potentiel des gens d’ici.

Francois Carrier
Éditorialiste Invité
Guest Editorialist

L’aventure de Michaela Cahill à l’émission La Voix n’a pas seulement
été un parcours artistique ou un divertissement médiatique, mais une preuve du potentiel des gens d’ici.
Pour s’identifier à quelqu’un, il faut que la personne possède des traits de
personnalité, voire même ce qu’on pourrait décrire comme des imperfections, aimés d’une majorité. Michaela est une parfaite représentante du Pontiac. Comme
certains Pontissois, elle aime la communauté qu’elle habite, elle veut aller
au bout de son rêve et elle est, comme certains, plus à l’aise à s’exprimer en anglais qu’en français. Tout de même, ce rendez-vous télévisuel était aussi une rencontre entre le Pontiac et un Québec qui oublie parfois que des régions
comme la nôtre abritent des gens avec des accents, un caractère et une identité qui est unique en son genre.
Malgré un cheminement l’emmenant jusqu’en finale, les épreuves ont été
parfois pénibles pour Michaela. Ce n’est pas sur scène que les plus grands dangers l’attendaient mais en dehors, entre autres avec les médias sociaux et parfois les journalistes. Bon nombre d’internautes l’ont attaquée parfois pour sa façon de parler et certains ont été jusqu’à dire qu’ils ne comprenaient pas ce qu’elle disait. L’insécurité linguistique qui est définie par certains comme un sentiment de dépréciation et d’incertitude qu’éprouvent certaines personnes envers leur façon de parler est une perception partagée par plusieurs pontissois.
«C’était pas facile, parfois y’a des mots que j’utilisais et certaines personnes me répondaient ne pas comprendre ce que je disais. Je parle avec l’accent du Coulonge », m’a confié celle-ci. Michaela a vécu du stress après certains de ces épisodes. « Je ne voulais pas faire honte à notre monde, je me disais : qu’est-ce que le monde va dire de moi au village ?». Au contraire, c’est plutôt de la fierté qui a été exprimée par la population du Pontiac en voyant Michaela se rendre jusqu’au bout tout en restant elle-même.
D’entendre parler le français à la façon du Pontiac à une des chaînes de télévision « nationale » au Québec a été certes une bonne chose, mais c’est, à mon avis, les Québécois qui ont beaucoup à gagner à découvrir les différents visages de la province. Bizarrement et aussi paradoxale que ça puisse paraître, autant certains internautes ont critiqué son usage de la langue française, autant Michaela Cahill a été à l’origine de la plus grande activité de promotion du français depuis des décennies. Le nombre de résidents francophones et anglophones de la région
qui ont suivi l’émission a atteint des sommets. C’est pour avoir fait face avec courage et en français à plus d’un million de téléspectateurs que je lui dis merci. Sa contribution pourrait avoir dans le futur des impacts positifs dans la francophonie pontissoise et inspirer d’autres talents à aller au bout de leurs ambitions.