L’incertitude

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Je crois que c’est le mot de ce début d’année 2025 ; on le retrouve partout, dans les médias, les conversations, les discours de nos politiciens et entrepreneurs. Revenons à la base : ce mot désigne plusieurs concepts liés à l’imprécision et à l’indétermination, à des évènements dont « la nature est imprévisible » (Robert).

Par exemple, l’incertitude de notre avenir peut nous préoccuper, et c’est légitime. Pourtant, notre destinée est claire : que nous soyons riches ou pauvres, petits ou grands, nous mourrons tous un jour. Ce n’est pas comme si nous avions le choix, ou alors seulement de la manière et du moment, et encore…

En revanche, si l’on parle d’incertitude au sens d’indécision face à des choix difficiles, c’est autre chose. Souvent, nous avons l’impression de ne pas avoir de choix, de subir les décisions des autres, mais nous avons fon-da-men-ta-le-ment le choix, cela se nomme libre arbitre. D’ailleurs, plusieurs des situations dans lesquelles nous nous sentons « victimes » résultent de nos propres actions. Et parfois, on fait face à un choix cornélien, comme Chimène dans Le Cid, qui doit sacrifier soit son amour, soit son honneur.

Il faut avouer que la peur peut prendre le dessus. Le concept d’incertitude implique aussi la notion d’erreur. En mathématiques, il s’agit de la marge d’erreur potentielle d’une valeur mesurée. En physique, le « principe d’incertitude » d’Heisenberg affirme que l’on ne peut pas connaître à la fois la vitesse et la position d’une particule. Une certitude de l’incertitude ! Cet entre-deux peut générer l’angoisse et mener au déni, à la paralysie existentielle ou à la fuite en avant.

Prenons la crise climatique : il n’y a pas d’incertitude sur la réalité du problème, mais plutôt sur notre capacité à agir. Le doute ne devrait pas porter sur les faits, mais sur notre volonté de voter pour les bonnes personnes, de nous engager et d’être nous-mêmes des acteurs du changement.

On parle aussi beaucoup d’incertitude à propos de Trump. Étonnant, quand on comprend qu’il est au fond, dans le corps d’un homme blanc de 78 ans, un enfant apeuré, qui humilie, intimide et harcèle d’autant plus qu’il se hait lui-même. Ses paroles et actions sont totalement prévisibles, je vous le garantis !

Si l’on va plus loin, l’Académie française définit l’incertitude comme le « caractère de ce qui n’est pas d’une nature bien arrêtée ». Et pourtant, peut-on douter de tout ? Descartes a déjà répondu : on peut douter de tout, sauf du doute lui-même, fondement de son cogito ergo sum.

Alors, quelle conclusion ? Méfiez-vous, informez-vous, cherchez les preuves et gardez la tête sur les épaules. A-t-on vraiment le choix ? Pas certain.

Publié le 12 février 2025.