Monsieur Legault, permettez-moi de vous partager mon expérience en lien avec les services de santé dans le Pontiac. Je suis arrivée dans la MRC de Pontiac en 1986 à la demande de la jadis Agence de la santé et des services sociaux afin de venir aider le CLSC de Fort-Coulonge à remettre sur pied les services à la population locale.
Monsieur Legault, permettez-moi de vous partager mon expérience en lien avec les services de santé dans le Pontiac. Je suis arrivée dans la MRC de Pontiac en 1986 à la demande de la jadis Agence de la santé et des services sociaux afin de venir aider le CLSC de Fort-Coulonge à remettre sur pied les services à la population locale.
À mon arrivée, une vingtaine d’employés étaient à l’œuvre pour un territoire de 15 000 km2. Ces travailleurs avaient accès à des postes de travail dans 4 municipalités de la région, Chapeau, Otter Lake, Bryson et le siège social localisé dans la maison patrimoniale George Bryson à Mansfield.
Mon premier geste a consisté à faire une analyse de la situation et à rencontrer les acteurs du milieu. Constat : la population ne recevait pas les services auxquels elle
avait droit, les employés étaient démobilisés, les municipalités démunies et sans vrai ressources pour appuyer la mission du CLSC.
Shawville avait son hôpital rural qui remplissait bien sa mission hospitalière mais il n’y avait que peu, ou pas, de liens avec les services communautaires.
Dans ce milieu, il y a 35 de ça, il n’y avait pas de cours prénataux, pas d’ambulance, pas d’organismes communautaires et deux infirmières CLSC pour 20 000 de population. J’ai souvenir d’un homme qui avait été
transporté d’urgence dans une boîte de camionnette sur une distance de 40 km sur la route 148 cahoteuse pour une intervention chirurgicale d’urgence.
Lorsque j’ai vu la une du quotidien Le Droit du 3 mars dernier -Pas d’ambulance dans le Pontiac-, j’ai eu l’impression de faire un retour en arrière de 35 ans.
Alors que nous avions connu l’essor, le développement et la consolidation des services de santé sur le territoire : construction d’une clinique d’urgence complète avec services complémentaires en collaboration avec les partenaires régionaux : Jellinek, Pavillon du Parc, Coop ambulancière et j’en passe;
Alors que nous avions contribué à mettre sur pied et développer un réseau d’organismes communautaires comme la Maison d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence, réseau de 4 maisons de jeunes pour adolescents vivant des difficultés, organisme pour aînés, répit pour familles vivant avec un enfant avec handicaps;
Alors que les directions des 5 établissements de santé ont accepté de fusionner leurs organisations : l’hôpital, le CLSC, les 3 CHSLD lors de la première période de compression budgétaire afin de maintenir et encore d’améliorer la continuité des services ruraux bilingues;
Alors que la population et les employés étaient mobilisés pour offrir tous les
services nécessaires pour les citoyens, des cours prénataux, à la vaccination, aux
accouchements en tout temps, aux infirmières scolaires, orthophonistes,
ambulance accessible en tout temps;
Alors que la communauté et ses fondations ont réussit à amasser assez d’argent pour faire l’acquisition d’un SCAN (plus d’un million de dollars amassé à coup de marche- thon et de ventes de hot dog), et que les spécialistes n’hésitaient à venir de la ville pour offrir leur expertise sur place;
Voilà que depuis la fusion avec l’urbain et la création du CISSSO, tous ses efforts se sont écroulés. Les rôles se sont inversés. Ce ne sont plus les services qui s’offrent à la population, c’est la population qui doit aller chercher ses services 100-150 km plus loin.
Les jeunes mères doivent accoucher dans un milieu inconnu à plus d’une heure trente de leur résidence, le milieu a perdu ses gestionnaires locaux, cadres, personnels administratifs, adjointes, les malades devront attendre des heures, des jours, pour un transfert ambulancier vers les spécialistes urbains.
La médecine rurale n’est pas la médecine urbaine. M. Legault, je suis confiante que les services ruraux sont capables de s’organiser. Nous avions un service hors pair offert par, pour et avec les gens du milieu. Je salue votre décision de remettre un gestionnaire localement. Serait-ce trop demander de garder un minimum d’actes sur place comme les accouchements et une couverture ambulancière à temps plein?
Charlotte L’Écuyer
Députée de Pontiac 2003-2014