Les audiences finales pour la décharge nucléaire

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Aidan Belanger
et Peter L. Smith

PEMBROKE – La deuxième partie des audiences d’autorisation des LNC (Laboratoires nucléaires canadiens) pour le projet d’installation de stockage à faible profondeur (NSDF) a débuté le lundi 30 mai et s’est poursuivie jusqu’au vendredi 3 juin. Cette audience publique avait pour but de discuter des effets à long terme du monticule sur la santé et la sécurité. Les «intevenants» ont pu prendre la parole et poser des questions à condition que leur présentation ait été approuvée par le comité avant l’audience.

Plusieurs membres du Pontiac ont fait des présentations, dont l’Association des propriétaires de chalets d’Old Fort William, Pontiac Environmental Protection (PEP), la préfète Jane Toller et la députée Sophie Chatel. De même, l’Association des propriétaires de chalets du Québec, la section Kitchissippi de la vallée de l’Outaouais du Conseil des Canadiens, les Ottawa Raging Grannies et diverses communautés autochtones ont pris la parole pour s’opposer au projet.

Leurs arguments étaient fondés sur la crainte d’une fuite potentielle de la NDSF à un moment donné et de la contamination de la rivière des Outaouais
par les éléments radioactifs qui s’en échappent. L’argument commun était que tout niveau de radiation, aussi faible soit-il, est nocif pour les individus et l’environnement. 167 interventions ont été soumises ; environ 90 n’ont pas soutenu l’initiative et environ 50 l’ont soutenue. Outre les intervenants publics, des employés des LNC et des entrepreneurs engagés ont soumis des interventions.

Les cinq Premières nations algonquines qui sont intervenues sont les Algonquins de la Première nation Pikwàkanagàn, Kitigan Zibi Anishinabeg, la Première nation Kebaowek, la Première nation Wolf Lake et les Algonquins Mitchikanibikok Inik du lac Barrière. La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a affirmé avoir rempli ses obligations de common law en matière de consultation et d’accommodement des peuples autochtones. Les cinq Premières nations algonquines ont déclaré qu’elles n’avaient pas été consultées de manière adéquate et qu’elles ne consentaient pas, pour le moment, à ce que le monticule de déchets radioactifs se trouve sur leur territoire non cédé, près de la rivière des Outaouais. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones stipule que les communautés autochtones doivent donner leur “consentement préalable, libre et éclairé” pour le stockage ou l’élimination de déchets dangereux sur leur territoire traditionnel.

La députée du Pontiac Sophie Chatel a déclaré à la commission : « Ma principale préoccupation est le retrait permanent et le stockage sûr des déchets radioactifs de moyenne et haute activité actuellement stockés (de manière sûre mais temporaire) à Chalk River. »

Afin de s’assurer que le projet ne constitue pas une menace pour les citoyens du Pontiac et les générations futures, la députée a insisté sur le fait que seuls les déchets de faible activité devraient être stockés dans la NSDF et que le site devrait dépasser la durée de vie des matériaux radioactifs qu’ils contiennent, affirmant que le projet doit être sûr pendant 500 ans. Mme Chatel a également indiqué que son bureau ne souhaite pas que la NSDF devienne un aimant pour les déchets de faible activité provenant d’autres régions et qu’elle doit être conforme aux normes internationales, avec une équipe permanente d’experts effectuant des visites régulières sur place. La députée s’est concentrée sur l’espoir de transparence et de consultation, appelant à l’engagement du public tout au long du processus.

Mme Chatel a souligné que l’économie et l’eau potable du Pontiac dépendent de la rivière des Outaouais ; l’avenir de la région en dépend.

« Plusieurs organismes communautaires de ma circonscription travaillent activement à la protection de nos forêts, rivières, milieux humides et autres espaces sauvages pour les générations futures. Mon intervention dans ce processus est motivée par le souci de m’assurer que le projet de NSDF ne pose aucun risque pour les citoyens du Pontiac, maintenant et à perpétuité », a-t-elle déclaré.

La préfète Jane Toller s’est exprimée par Zoom vendredi : « Les erreurs humaines se produisent et nous croyons que la conception du site n’est pas acceptable. La MRC de Pontiac fait sa promotion sous la bannière « Destination Pontiac ». Nous essayons d’encourager de nouvelles familles à venir vivre ici et n’avons pas besoin d’une telle installation en amont de nos communautés.» Mme Toller a également soulevé la question du taux élevé de cancer dans le Pontiac.

Le personnel des LNC a souligné qu’ils avaient fait tout ce qui était possible pour s’assurer que l’installation proposée serait sécuritaire ; ils ont affirmé que le fait de déplacer le site à un autre endroit ne changera pas le débit de l’eau – elle continuera de couler en aval. Meggan Vickerd, directrice générale des services de gestion des déchets aux LNC, a déclaré que 310 000 mètres cubes de déchets sont stockés sur le site, dont la moitié est contaminée.

« Nous devons nettoyer tout cela et la NSDF est le meilleur type d’installation selon nos études », a-t-elle déclaré.

La Commission dispose d’un mois pour étudier toutes les propositions et peut demander des éclaircissements sur certains points avant de rendre sa décision. Si elle est approuvée, la première phase du projet devrait être construite dans les trois prochaines années.