Le Journal du Pontiac a-t-il encore sa place dans le Pontiac?

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Le premier quart du 21e siècle marquera-t-il la fin de la presse telle que nous l’avons connue jusqu’ici? Le Soir, La Libre Belgique, La Dernière Heure, Le Monde, L’Express de Toronto, le Globe and Mail, le Toronto Star, Le Devoir, La Presse, Le Droit, Le Soleil… et le Journal du Pontiac, autant de médias, format papier, qui m’auront accompagnée en tant que lectrice ou écrivaine, pendant de nombreuses années, même si certains d’entre eux ne l’auront fait que pour que je puisse en lire quelques rubriques pour m’amuser. Faites l’exercice, je suis convaincue que vous aussi, vous pourriez mentionner les noms des nombreux journaux qui ont jalonné votre parcours, vos déplacements également, ces journaux étant plus souvent qu’autrement ancrés dans la réalité de leur milieu géographique.

Le 29 mars 2023, Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’UQÀM, déclarait que plus de la moitié des quotidiens francophones au Québec ne seront plus imprimés, précisant encore que la situation pourrait poser un problème d’accessibilité de l’information, en particulier pour les personnes âgées (Le Devoir). Le Soleil et Le Droit ont mis fin à leur édition papier en semaine et ils prévoient de mettre fin à leur édition papier du samedi en décembre 2023. Si certains journaux résistent encore, le virage numérique est amorcé et d’autres journaux y sont déjà complètement engagés.

Fondée en 1884, La Presse, l’un des journaux-phares de l’information francophone, amorçait dès 2011 ce virage alors que le 1er janvier 2018, La Presse+ remplaçait à 100 % la version papier de La Presse et devenait une structure médiatique indépendante. Les journaux qui n’auront pas planifié, dès les premières années, la transition numérique, accélérée par la situation pandémique, parviendront-ils à retomber sur leurs pieds? Alors que plus d’un acclame l’évolution technologique et que d’autres la déplorent, ils s’accordent tous sur le fait qu’elle est aujourd’hui inévitable. Pas
plus que les autres, le Journal du Pontiac ne pourra l’éviter. Mais a-t-il su la prévoir?

Ancré dans la réalité de son milieu, le Journal du Pontiac tente d’informer en anglais et en français, la communauté anglophone et francophone, pas toujours bilingue, de la région de Pontiac. Il est distribué, à la grandeur du Pontiac, offrant une couverture locale des nouvelles et des enjeux qui touchent ses communautés. Quel autre journal peut-il se vanter d’être aussi près des préoccupations locales dans au moins deux des langues de la communauté? Si la quantité et la qualité de l’information sont en partie tributaires des budgets publicitaires (Rien n’est jamais totalement neutre), l’intention du Journal du Pontiac aura été plus que louable durant toutes ces années. Sa transition vers le numérique n’est peut-être pas assurée, mais celle du réseau Internet pour la supporter non plus, et la qualité de l’information numérique est encore loin d’être régionalement garantie.