La réussite pour tous, vraiment ?

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Dominique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist

J’ai deux garçons et si j’applique les

Dominique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist

J’ai deux garçons et si j’applique les
nouveaux résultats statistiques des taux de diplomation du Québec à l’échelle de ma famille, l’un des deux finira avec son diplôme de secondaire 5 en poche alors que l’autre risque de gonfler les chiffres, déjà bien élevés, du taux de décrochage scolaire de notre belle province. En effet, selon une étude réalisée par l’Institut du Québec et dont le titre, Décrochage scolaire au Québec : dix ans de surplace malgré les efforts de financement, ne laisse rien présager de bon, seuls 51, 4 % des garçons des écoles publiques francophones obtiennent leur diplôme d’études secondaires dans le temps requis de cinq ans.
Y a-t-il quelque chose que l’on fait qui ne soit pas correct ?
Selon Sébastien Proulx, notre ministre de l’Éducation, il n’y a pas vraiment lieu de
s’inquiéter puisque ces chiffres ne peuvent se comparer avec ceux moins alarmants des autres provinces du pays, dont l’Ontario. « Il faut comparer des pommes avec des pommes », déclare-t-il aux journalistes. Ainsi donc, selon lui, si l’Ontario « fait mieux », c’est aussi parce que le taux de passage entre les deux provinces est différent : 50 % en Ontario et 60 % au Québec. De plus, au Québec, il faut réussir toutes les épreuves à sanction pour obtenir son diplôme alors qu’en Ontario, on peut exclure du calcul certaines matières plus difficiles. Serait-il donc plus aisé d’obtenir son diplôme en Ontario ? À en croire le ministre, certainement.
Personnellement, il m’importe peu de faire la comparaison. Mais, si l’on s’en tient à la stricte analyse des résultats, force est de constater qu’en matière de diplomation, le Québec stagne et fait piètre figure parmi les autres provinces du pays et le taux de diplomation des garçons comparé à celui des filles est plus alarmant qu’ailleurs. Ça, malgré tout, ce sont des faits que le ministre de l’Éducation ne peut nier. Certaines pistes de solutions sont alors mentionnées : l’implantation de la maternelle 4 ans dans toutes les écoles du Québec, l’obligation pour les jeunes d’aller à l’école jusqu’à 18 ans ou encore la création d’un institut national d’excellence de l’éducation ou d’un ordre professionnel des enseignants.
Ces solutions préconisées semblent avoir fait leur preuve ailleurs justement. Alors que le financement même des écoles n’est pas nécessairement remis en question (l’Ontario et le Québec aurait bénéficié de montants similaires attribués à l’éducation dans les dernières années) l’étude évoque des problèmes de transparence quant à l’accès aux données. Selon Égide Royer, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, l’Ontario aurait ciblé ses dépenses en fonction de ce qui a le plus d’effet tandis que le Québec semble baser les siennes sur des mythes pédagogiques ou des pressions de groupes d’intérêts.
Derrière ces chiffres qui devraient tous nous faire réfléchir, la professeure que je suis voit surtout les êtres humains qui échouent, pour une raison ou une autre, et qui sont, au départ de leur vie, amputés d’un certain nombre de chances… La Maman que je suis vois ses deux enfants et s’inquiètent de leur avenir. Alors que certains en font déjà l’enjeu des prochaines élections, j’en fais un enjeu parental. L’école n’a pas la prétention de sauver toute une société, mais bien d’en être le reflet.