Cette année est spéciale. Deux conflits armés semblent toucher plus particulièrement la population canadienne, bien qu’aucun soldat canadien n’y soit impliqué. Cela explique peut-être l’engouement des cérémonies du 11 novembre, samedi dernier, pour commémorer l’armistice de la Première Guerre mondiale, celle qui devait être « la guerre qui mettrait fin à toutes les guerres ». C’est toujours malheureusement comme ça : on part la fleur au canon et on revient dans un cercueil, sans que cela empêche d’autres conflits d’être déclenchés pour autant.
Depuis la Deuxième Guerre mondiale, qui découla de la première, les soldats canadiens ont été impliqués dans maints conflits armés, de la Corée à l’Afghanistan, en passant par l’ex-Yougoslavie ou le Rwanda. Toutefois, dans ces derniers, ils étaient Casques bleus, au sein de forces de maintien de la paix de l’ONU, ce qui est bien différent.
Et évidemment, des affrontements, il y en a eu d’autres, dont certains en cours, comme celui entre Ukrainiens et Russes ou encore celui entre les Israéliens et le Hamas, sans parler de l’Afrique… Et vu ce qui continue de se passer tout autour de notre planète, des conséquences chez nous en termes de relations sociales (antisémitisme, islamophobie, haines et clivage), les guerres ne sont pas près de s’arrêter ! Au contraire, ainsi que le prouvent les études universitaires : notre époque se caractérise par moins de guerres à grande échelle, qui font plus de morts chez les militaires, et plus de guerres civiles, interethniques ou religieuses, qui font davantage de morts civiles.
Coïncidence imprévue dans ma classe de secondaire 4, nous finissons une unité de travail sur le thème du « regard horrifié » en tentant de répondre à la question : l’être humain peut-il coexister en paix avec son voisin ? Pour ce faire, nous avons étudié le roman autobiographique de Joseph Joffo Un Sac de billes qui raconte la fuite d’une famille juive et en particulier de ses deux plus jeunes garçons pour éviter la déportation et une mort quasi certaine, pendant la Deuxième Guerre mondiale. La question parait plus pertinente que jamais.
Justement, chez nos jeunes, les opinions sur la guerre en général, et surtout sur « nos » guerres à nous du Nord global, peuvent varier ; entre les cadets pétris de militarisme et de patriotisme, qui envisagent de s’engager ou de faire la réserve et respectent l’uniforme, et les universitaires formés aux sciences sociales, qui constatent que les guerres ont souvent été un moyen de conforter un certain colonialisme, voire que ces mêmes ingérences constituent les causes des conflits actuels, entre ces deux positions, il y a un monde.
Ce qui est certain, c’est que toute guerre est une défaite de la pensée, que si un conflit armé a lieu, chacun d’entre nous doit essayer de « raison garder », d’en comprendre les nuances. Par exemple, qu’Israël se bat contre une organisation terroriste dont l’objectif est de le détruire et l’a prouvé de la pire des manières ; que s’ériger contre le Hamas n’est pas anti-palestinien, encore moins faire preuve d’islamophobie ; ou que l’on peut souhaiter des corridors humanitaires et la remise en cause de la politique d’occupation illégale par les « colons » israéliens en Cisjordanie sans être antisémite. Malheureusement, l’être humain du XXIe siècle est toujours incapable d’éviter de se battre avec son voisin pour un bout de terre au nom de la paix.