Enquête spéciale – Les jeunes en milieu rural

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Adèle Pilon
et
Maryse Vallières-Murray



Adèle Pilon
et
Maryse Vallières-Murray

Plusieurs jeunes quittent les régions rurales pour faire leurs études. En effet, il y a rarement des cégeps ou des universités en territoire rural, ce qui oblige les étudiants à quitter le nid familial pour poursuivre leur cheminement. La plupart d’entre eux ne reviennent pas, faute d’emplois et de passe-temps. En plus de devoir choisir le domaine dans lequel ils veulent étudier, les jeunes sont contraints à se trouver un nouveau milieu de vie. Ce thème, fort intéressant pour les deux jeunes femmes que nous sommes, sera le sujet de nos trois prochains articles. Nous entendons souvent parler d’études qui illustrent le manque d’emploi et l’éloignement des milieux urbains, mais qu’en est-il de la vision des jeunes par rapport à leur avenir? Quels sont les enjeux et
les réalités auxquels ils sont confrontés? C’est
là-dessus que nous nous pencherons lors des prochaines parutions.
Vinton, le 8 janvier 2014
Nous rencontrons Éric O’Brien, un jeune Pontissois qui poursuit des études au Cégep de l’Outaouais en cinéma. Il a terminé son secondaire à Sieur-de-Coulonge en juin 2013. Comme la plupart des jeunes, il a dû quitter le Pontiac pour poursuivre sa scolarité. Bien que le choix de partir ou de rester peut paraître évident pour
certains, il représente un véritable débat intérieur pour d’autres. C’est d’ailleurs le cas d’Éric.
Il aime deux choses : ses études actuelles en
cinématographie et sa région, le Pontiac, qui sont malheureusement incompatibles. Comme il le
faisait remarquer à la blague, à moins de faire une vingtaine de films sur la région et ses alentours par année, il n’y a pas
vraiment d’emplois pour lui ici. Montréal, Toronto, Vancouver et les États-Unis sont les principaux endroits où il aurait
des possibilités professionnelles dans son domaine. Ce n’est pas la porte à côté, c’est pourquoi il
n’a toujours pas pris de décision quant à son avenir. Outre l’enjeu professionnel, les styles de vie en milieu rural et urbain sont très différents. Après avoir grandi pendant dix-sept ans en campagne et se sentir chez soi dans ce milieu, s’adapter à la vie de la ville est difficile. Pour Éric, la ruralité c’est la
liberté. Liberté de pouvoir sortir son quatre-roues et d’aller où bon lui semble à tout moment de la journée. Liberté qu’il ne retrouve pas en ville.
« Qu’est-ce que j’aime? Qu’est-ce que je veux faire plus tard? Est-ce que c’est possible d’avoir un bon emploi en restant en milieu rural? Est-ce que je suis prêt à voyager beaucoup pour me rendre à mon emploi? Carrière ou campagne, quel sacrifice suis-je prêt à faire? Quelles sont mes priorités? » Ce sont ces questions auxquelles doit faire face Éric avant de prendre sa décision, tout comme bon nombre de jeunes Pontissois et Pontissoises. Questions auxquelles ont déjà fait face plusieurs autres, qu’ils soient encore ici, ou déjà ailleurs.