Le 19 mars dernier, lors de la séance du conseil des mairesses et des maires, la MRC de Pontiac votait une résolution interdisant au public de filmer et de photographier à l’intérieur du lieu où se tiennent les séances du conseil ou d’utiliser tout appareil photographique, caméra vidéo ou de télévision ou autre (article 14), sous peine d’amende. Bien que des exceptions soient prévues pour les journalistes et que l’interdiction puisse être levée à la discrétion du président, la mesure soulève des inquiétudes profondes quant à la transparence et à la liberté d’expression dans notre démocratie locale.
Comme un avertissement préliminaire, Jane Toller, préfète de la MRC, indiquait que cette résolution avait été initiée, non pas par la MRC, mais par la Fédération québécoise des municipalités (FQM) pour répondre aux nombreux cas de harcèlements et d’abus dont les élus municipaux ont été la cible ces dernières années. En 2021, selon Madame Toller, 1000 élus auraient démissionné (741, selon Élections Québec), notamment pour ces raisons, mais pas exclusivement. Il nous apparaît crucial de revoir ces chiffres pour comprendre les motivations réelles de ces départs. Loin de nous l’idée de minimiser le phénomène
d’agressions grandissant que peuvent vivre celles et ceux qui ont choisi de s’engager en politique, mais quelle était la situation de nos élus pour que la MRC de Pontiac sente l’urgence d’agir aussi rapidement?
Pour certains de ces élus justement, qui ont voté contre la résolution, les citoyens n’ont pas été entendus. Alors que la FQM proposait une ligne directrice porteuse de réflexions, la MRC de Pontiac s’est jetée précipitamment dans un projet de règlement qui, remplaçant celui de 2005, entrera en vigueur dès le 1er avril. La mairesse d’Otter Lake, Jennifer Quail,
estimait que le projet n’allait pas assez loin en termes de transparence, notamment en ce qui concerne la publication préalable des résolutions pour que les citoyens soient mieux informés et se sentent davantage impliqués.
En empêchant la captation visuelle des séances publiques du conseil des maires par les citoyens, dans un contexte de désertification médiatique régionale, on réduit la capacité de ces témoins privilégiés à participer au débat démocratique et à évaluer l’action des élus, minant ainsi la confiance en nos institutions démocratiques locales. Attendre la diffusion officielle de séances publiques nous met à la merci de celles et ceux qui sont responsables de ces versions, bien souvent les mêmes qui prennent les décisions pour les citoyens, et nous prive d’une expérience personnelle et unique de l’évènement, qui fait de ce dernier, un réel débat réellement public.