Quand un petit bout d’histoire se perpétue

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Publié dans le Journal du Pontiac du 24 septembre 2025.

Suivant les traces de son arrière-arrière-grand-père, George Bryson, préfet de Pontiac de 1862 à 1863, Jane Toller devenait à son tour, quelque 155 ans plus tard, préfète de la MRC de Pontiac, poste qu’elle occupa durant deux mandats consécutifs. Cette nomination eut pour effet de me rappeler certains pans de l’histoire du Pontiac. Le nom de George Bryson n’évoquait alors pour moi que cette majestueuse bâtisse historique de Fort-Coulonge, située le long de la route 148, vis-à-vis du pont Rouge, symbole du patrimoine architectural local.

Quelques années auparavant, Jane Toller avait repris la propriété familiale, construite en 1875 par son grand-père George Bryson Jr., témoignant de son attachement à l’histoire de ses ancêtres et de sa volonté de préserver le passé en le rendant tangible au présent. Femme d’affaires redoutable, elle entreprit de rénover la demeure ancestrale pour y accueillir les voyageurs en quête de charme pittoresque. Puis, à l’instar de ces figures avides de grandeur, elle inaugura en 2013 le Bistro du Bûcheron à Bryson, un lieu rappelant l’héritage des travailleurs du bois qui ont façonné la région. En pleine crise forestière, Jane Toller posait là un geste symbolique, encourageant la population pontissoise à faire du passé un levier pour l’avenir.

Après avoir annoncé qu’elle ne se représenterait pas aux élections municipales de 2025, Jane Toller changea d’avis. Je pourrais énumérer ses contributions, ses réussites comme ses tentatives avortées, mais je retiens surtout l’image d’une femme rayonnante, débordante d’énergie et d’ambition; d’une figure inspirante qui eut le mérite, malgré des résultats parfois décevants, de sortir des sentiers battus et d’ouvrir le Pontiac sur le monde. Dommage qu’elle l’ait fait principalement en anglais, et très maladroitement en français.

La trajectoire politique de Jane Toller ne peut, selon moi, être comprise qu’à travers l’influence de son histoire familiale. Son arrière-arrière-grand-père avait bâti une fortune dans le commerce du bois, devenant l’un des entrepreneurs les plus prospères du Pontiac. Ses fils, tout comme lui, occupèrent ensuite les fonctions de maire des cantons unis de Mansfield et de Pontefract. Rien d’étonnant, donc, à voir en elle une héritière, femme d’affaires et politicienne, qui ravive les souvenirs du passé, tout en étant résolument tournée vers l’avenir, et qui partage avec la population pontissoise quelques rêves de grandeur, certes, mais devant lesquels il me faut bien m’incliner.

Note de l’auteure : Cet éditorial a été écrit alors que Jane Toller avait annoncé publiquement qu’elle se retirait de la scène politique municipale. Il s’intitulait « Quand un petit bout d’histoire s’en va ». Son retour dans la course électorale peut donner au texte une teinte partisane qu’il n’avait pas à l’origine, mon intention n’étant pas d’appuyer une candidature, mais bien de souligner un parcours.