Premières Nations et MRC s’allient pour la nature
Mélissa Gélinas
Publié dans le Journal du Pontiac le 17 juillet 2025.
OUTAOUAIS – La communauté de Kitigan Zibi Anishinabeg a lancé le projet Kidjīmāninān (« Notre canot »), inspiré du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté lors de la 15e Conférence des Parties (COP15).
D’ici 2030, le projet vise à atteindre trois des 23 cibles prioritaires de l’accord, tout
en répondant aux nouvelles exigences énoncées dans les Orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT). Ses objectifs sont d’éviter la perte quasi totale des zones riches en biodiversité, de protéger 30 % des écosystèmes terrestres et d’eau douce, et de restaurer 30 % des écosystèmes dégradés.
L’Outaouais est l’une des régions les plus riches en biodiversité au Québec, abritant plus
de 113 espèces de plantes, 92 espèces animales et 22 espèces de bryophytes (mousses)
et de lichens. Pourtant, seulement 10,2 % du territoire est actuellement protégé.
« Nous avons passé près de 20 ans à développer notre expertise dans la protection des espèces en péril. Nous souhaitons maintenant assumer un rôle de leadership régional élargi sur notre territoire traditionnel », explique Érik Higgins, gestionnaire du Bureau des ressources naturelles et de la faune de Kitigan Zibi.
Pour intégrer les savoirs écologiques traditionnels, des équipes de gardiens du territoire seront déployées afin de mener des études de terrain en collaboration avec des biologistes et des botanistes.
Chaque MRC participante recevra 82 500 $ en financement fédéral. « Toutes les MRC de Gatineau et de l’Outaouais, sauf la Vallée-de-la-Gatineau, ont accepté de se joindre à l’initiative », précise M. Higgins. « C’est nouveau pour nous. Jusqu’ici, nous nous concentrions surtout sur Kitigan Zibi. Désormais, nous devrons établir de nouveaux liens avec des partenaires — et je crois que nous serons plus forts ensemble. »
Selon Kari Richardson, gestionnaire de l’environnement pour la MRC de Pontiac, le financement appuiera des projets de recherche visant à dresser un portrait régional comprenant une évaluation des espèces, des milieux naturels et des sites de conservation
à valeur culturelle.
Pour y arriver, la collaboration des gouvernements municipaux, des propriétaires terriens et des acteurs locaux sera essentielle.Mme Richardson souligne que les propriétaires de terrains jugés à valeur de conservation seront invités à autoriser la Coopérative de solidarité des Forêts et des Gens, un organisme à but non lucratif, à réaliser des inventaires écologiques. Ces études permettront de formuler des recommandations pour préserver les éléments clés du patrimoine naturel de l’Outaouais. Des consultations publiques sont prévues en 2026. « Nous espérons que ce modèle de collaboration entre les Premières Nations et les MRC renforcera nos partenariats et inspirera d’autres projets à venir », ajoute-t-elle.
M. Higgins souligne aussi l’importance de mobiliser les citoyens et de sensibiliser la population aux enjeux liés à la biodiversité et à la protection de la nature.Tout au long de l’été, le Bureau des ressources naturelles et de la faune de Kitigan Zibi, en partenariat avec Tourisme Outaouais et d’autres organismes, organisera une tournée de kiosques d’information interactifs à travers la région. Ces kiosques seront présents dans les marchés, festivals et autres événements publics, notamment à l’Expo Shawville le 30 août.
« Ce sera une belle occasion de faire connaître notre projet au grand public »,
conclut M. Higgins.