Postes Canada en grève : les réformes inquiètent les régions

0
17

Grève à Postes Canada : les réformes inquiètent les régions

Publié dans le Journal du Pontiac du 10 octobre 2025.

Tashi Farmilo et Bonnie Portelance

OTTAWA – L’avenir de Postes Canada est scruté de près au milieu d’une grève nationale, de réformes fédérales et de pressions financières croissantes. Dans les régions rurales comme le Pontiac, où les bureaux de poste sont essentiels, l’impact potentiel retient l’attention.

Le 3 octobre, Postes Canada a présenté de nouvelles offres au Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). La proposition maintient une hausse salariale de 13,6 % sur quatre ans ainsi que les avantages existants, tout en prévoyant davantage de postes à temps partiel et une réorganisation du réseau. La société soutient que ses finances se sont détériorées et qu’une main-d’œuvre plus flexible sera nécessaire pour assurer la viabilité de ses services.

Les tensions se sont accumulées. Après une interdiction des heures supplémentaires en mai, le STTP a demandé à la mi-septembre aux facteurs de cesser de livrer le courrier non adressé, comme les circulaires, classées Courrier de quartier. Postes Canada a ensuite cessé d’accepter ces articles. Le 25 septembre, le syndicat a déclenché une grève nationale, interrompant le traitement du courrier et des colis à travers le pays.
Le même jour, Ottawa a annoncé une refonte du service postal. Le ministre Joël Lightbound a qualifié Postes Canada « d’effectivement insolvable » et a proposé d’assouplir les normes du courrier, de lever le moratoire sur les fermetures de bureaux ruraux et — surtout — d’éliminer progressivement la livraison à domicile en convertissant environ quatre millions d’adresses en boîtes communautaires.

Seul un ménage sur quatre reçoit encore le courrier à la porte. Le plan prévoit de transférer les adresses restantes vers des boîtes communautaires, d’appartement ou rurales, invoquant la baisse du volume de lettres — environ deux
par ménage par semaine — et la hausse des points de livraison, un déséquilibre que la livraison à domicile ne soutient plus.

Le cabinet du ministre a indiqué au Journal que la levée du moratoire ne vise pas les collectivités véritablement rurales ou éloignées, mais des zones suburbaines autrefois rurales.

À Burnaby, en Colombie-Britannique, et dans la grande région de Gatineau, plusieurs bureaux sont proches — une redondance jugée insoutenable. Le cabinet a ajouté que le moratoire de 1994 a freiné l’adaptation; là où l’étalement urbain a absorbé des communautés rurales, l’impossibilité de regrouper les services a accru les difficultés financières. Les accommodements pour les aînés recevant encore la livraison à domicile se poursuivront.

Postes Canada doit maintenant déposer un plan expliquant comment elle protégera le service dans les collectivités rurales, éloignées et autochtones.

Les dirigeants syndicaux jugent que les réformes vont trop loin et réduiront les emplois et services, particulièrement pour les aînés et les personnes à mobilité réduite.Ils pressent le gouvernement et la société d’État de revenir à de « véritables » négociations afin de protéger les services publics essentiels.

Postes Canada a 45 jours pour présenter son plan. « Ce combat ne concerne pas seulement des lettres et des colis », a déclaré Lily Ryan, éditrice du Journal. « Il s’agit de savoir qui peut rester connecté et informé. Notre système postal rural n’est pas un luxe. C’est une nécessité. »

C’est le deuxième arrêt de travail national en moins d’un an. Le précédent, fin 2024, avait pris fin lorsque le Conseil canadien des relations industrielles avait ordonné aux employés postaux de retourner au travail et prolongé les conventions collectives jusqu’en mai 2025. La grève actuelle, amorcée le 25 septembre, se poursuit alors que les négociations continuent.