Zones inondables : un règlement en place, mais pas les cartes
Mélissa Gélinas
Publié dans le Journal du Pontiac le 17 juillet 2025.
QUÉBEC – Le 12 juin, le gouvernement du Québec a adopté un cadre réglementaire modernisé pour les zones inondables, introduisant une nouvelle approche en matière de gestion des risques.
L’objectif est de mieux préparer la population québécoise aux inondations. Ce système repose sur une cartographie de nouvelle génération, à la fine pointe de la technologie, qui deviendra un outil essentiel pour l’aménagement durable du territoire et pour informer les citoyens des risques potentiels. Ces cartes seront accessibles à partir du 1er mars 2026 via un portail gouvernemental.
Elles illustreront quatre niveaux d’intensité du risque d’inondation, chacun représenté par une couleur : rouge foncé pour un risque très élevé, rouge pour un risque élevé, orange pour un risque modéré et jaune pour un risque faible.
Le nouveau règlement définira les activités permises dans chaque type de zone. « Par exemple, la reconstruction d’un bâtiment résidentiel après une inondation sera autorisée dans une zone à risque faible, mais interdite dans une zone à risque très élevé », explique Josée Guimond, porte-parole du ministère de l’Environnement.
Les experts attribueront les niveaux de risque à l’aide d’un tableau tenant compte à la fois de la probabilité d’inondation — entre 100 % et 7 % sur une période de 25 ans — et de la profondeur d’eau potentielle. « Les effets des changements climatiques sont également pris en compte », ajoute Mme Guimond.
Le député de Pontiac, André Fortin, reconnaît que les nouvelles cartes représentent une amélioration par rapport aux versions précédentes, mais il critique la méthode gouvernementale. « Ces cartes auraient dû être rendues publiques avant même de discuter des règlements », affirme-t-il. « Actuellement, c’est le monde à l’envers : on publie les règles avant les cartes. »
Selon lui, cela laissera les citoyens dans l’incertitude quant à leur situation, ce qui les empêchera de contester les changements. « Personne ne pourra contester les règlements s’il ne sait pas si sa propriété est concernée ou non », dit-il. « Nous demandons donc au gouvernement d’inverser son approche. »
Il s’inquiète également de l’absence d’un processus permettant aux citoyens de contester les désignations de zones inondables. « Cette carte ne reflète pas la réalité », déclare-t-il. « Ce n’est pas la première fois que le gouvernement publie des cartes d’inondation erronées. Des gens vivant au sommet d’une falaise se retrouvent inclus dans une zone inondable. »
Il note que presque l’ensemble des villages de Fort-Coulonge et de Quyon est maintenant inclus dans les zones inondables. « C’est pourquoi il est essentiel de prévoir un mécanisme de contestation. Des erreurs, il y en aura — c’est normal — mais il faut pouvoir les corriger », insiste-t-il.
La préfète de la MRC de Pontiac, Jane Toller, souligne toutefois des améliorations dans la manière dont la construction et la rénovation seront encadrées en zones à risque. Elle précise que les nouvelles constructions ne seront pas autorisées dans les zones à risque élevé, mais qu’il sera permis de surélever une maison, de modifier l’accès ou de déplacer un système de chauffage central situé au sous-sol.
« Beaucoup d’entre nous qui avons été inondés en 2019 pensions que la valeur des propriétés allait chuter, mais ce n’est pas le cas », indique Mme Toller. « Les propriétés riveraines dans la MRC de Pontiac continuent de prendre de la valeur. »