Pontiac Journal

Un référendum en Outaouais prouve que chaque voix compte

Comme le savent les lecteurs du Journal, notre territoire est riche : riche en nutriments pour l’agriculture, riche en forêts pour la construction, et riche en minéraux utilisés dans la fabrication d’armes. À la fin d’août, les résidents de Duhamel ont rejeté, par vote clair, un projet minier près du lac Bélanger.

Pendant que l’Expo de Shawville battait son plein, les citoyens de cinq municipalités de l’ouest du Québec se sont prononcés sur la proposition de mine de graphite à ciel ouvert de Lomiko Metals, une entreprise canadienne basée à Surrey, en Colombie-Britannique. Ce projet n’était toutefois pas entièrement « canadien » : le département de la Défense des États-Unis y a injecté environ 11,5 millions de dollars pour l’exploration. Montant modeste à l’échelle minière, certes, mais promesse de sommes bien plus importantes si le graphite s’avérait de bonne qualité et si, surtout, l’acceptabilité sociale se confirmait.

Or, le verdict populaire a été sans équivoque : le « non » l’a emporté.

À première vue, certains pourraient juger l’épisode mineur : quelques milliers d’électeurs seulement ont voté. Comme ailleurs en Outaouais, le secteur de Duhamel est peu peuplé, mais abondant en terres et en plans d’eau. Et, comme la plupart des Pontissois, les gens d’ici sont profondément attachés à leur milieu.

Dès lors, lorsqu’une entreprise éloignée propose d’extraire un minéral servant aux batteries de véhicules et à l’armement, et que le projet inquiète pour la qualité de l’eau et des sols, il n’y a rien d’étonnant à voir la vigilance se réveiller. Gardons toutefois en tête une réalité dérangeante : lorsque la même « opportunité » surgit au loin, les Canadiens ont souvent appuyé l’industrie minière. Le pays est chef de file du secteur. Dans notre propre cour, pourtant, la réponse à Lomiko Metals, aux gouvernements canadien et québécois et aux bailleurs de Washington a été un « non » retentissant.

D’où la question qui fâche : pourquoi accepter l’exploitation minière là-bas, mais la refuser ici ? Gens de l’Ouest-du-Québec, si nous disons « pas de mine » chez nous, ne devrions-nous pas aussi exiger de meilleures pratiques — ou le même « non » — en Amérique latine, en Afrique et dans le Grand Nord canadien, où l’activité minière canadienne est intense ?

Moins de 3 000 personnes ont suffi à freiner un mégaprojet. Qu’est-ce qui nous empêche d’exiger, par le vote et la participation, des reculs semblables face à d’autres initiatives mal avisées ?

Le processus référendaire dans l’ouest du Québec a servi d’avertissement pour tous ceux qui négligent leurs responsabilités civiques. Voter, se tenir informé de ce qui se passe ailleurs dans le monde et lutter contre l’injustice sont des éléments clés de la vie en société, comme l’a démontré le référendum sur le projet minier de Lomiko Metals.

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