Je suis une femme autochtone qui a eu des difficultés en santé mentale. Après avoir été victime de harcèlement criminel et d’une tentative d’introduction par effraction, je suis venue dans le Pontiac pour chercher la sécurité. Moins d’une semaine plus tard, le ménage où je logeais a appelé le 911 pour signaler que je faisais une crise de santé mentale.
Lorsque les intervenants d’urgence sont arrivés, je leur ai répété que j’avais été victime de mauvais traitements de la part de certaines personnes dans cette maison et que je craignais pour ma sécurité ; j’ai aussi expliqué mon traumatisme récent et mes antécédents en santé mentale. Je me suis sentie ignorée et non crue. En conséquence, j’ai été détenue en vertu de la Loi P-38.001 et gardée dans une unité psychiatrique de Gatineau pendant deux nuits et trois jours.
Après trois jours, un psychiatre de l’hôpital m’a dit, selon ses propres mots, qu’il « n’avait aucune raison légale de détenir quelqu’un contre sa volonté pour une réaction aiguë au stress » et a conclu que ma réaction était une réponse normale à un traumatisme plutôt qu’un trouble psychotique. Cette évaluation — et le fait d’avoir été retenue sans accès à l’air frais, à mes appareils personnels ou à des conseils juridiques rapides — a été profondément pénible et retraumatisant.
Ce n’était pas une expérience isolée. En février 2025, j’ai appelé les services municipaux pour m’informer de mes droits et savoir comment quitter en sécurité un ménage où je subissais de la violence conjugale. Lorsque les policiers sont intervenus, je me suis encore sentie traitée comme un problème plutôt que comme une personne ayant besoin d’aide ; à la fin de cette intervention, on m’a remis une contravention pour avoir insulté un agent. Cette rencontre m’a laissée craintive et incertaine quant à l’endroit où me tourner pour trouver un soutien sûr et non punitif.
Ces expériences m’ont convaincue de deux choses. Premièrement, les crises de santé mentale et les réactions traumatiques exigent des interventions spécialisées, sensibles aux traumatismes et culturellement adaptées — pas seulement une réponse policière. Deuxièmement, notre région a besoin de meilleurs services d’intervention en crise non armés, d’un meilleur accès au counselling en traumatologie et de plus de soutien pour les personnes qui fuient des situations abusives. Cela créerait des options plus sûres pour les personnes en crise et réduirait le risque de retraumatisation.
Je partage ceci pour encourager la discussion publique et pour réclamer des alternatives à une intervention exclusivement policière lors des urgences en santé mentale — surtout pour les personnes autochtones, neurodivergentes ou autrement vulnérables.
Nom et lieu retenus sur demande
Publié dans le Journal du Pontiac du 24 septembre 2025.