Pontiac Journal

Projet de loi 106 : médecins dénoncent la pression

Projet de loi 106 : les médecins dénoncent la pression accrue
Carl Hager

Publié dans le Journal du Pontiac le 13 août 2025.

QUÉBEC – Quatre ans après le début de son mandat, le gouvernement de la CAQ fait face à des problèmes persistants en matière d’accès aux soins de santé. En juin, la province a présenté le projet de loi 106, Loi visant principalement à établir la responsabilité collective et la reddition de comptes des médecins à l’égard de l’amélioration de l’accès aux services médicaux, sans tenir de consultations publiques.

Partout au Québec, plus d’un million de résidents n’ont pas de médecin de famille. Les délais pour voir un spécialiste peuvent s’étirer sur des années. Les urgences demeurent surpeuplées et les temps d’attente, longs. Le projet de loi 106 vise à remédier à ces problèmes en obligeant les médecins à voir plus de patients.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a déclaré que l’intention du projet de loi est de lier le salaire des médecins à des quotas de patients. Selon la proposition, les médecins de famille seraient évalués collectivement : si le groupe n’atteint pas un nombre prédéterminé de patients, les membres pourraient voir leur salaire réduit jusqu’à 25 %.

Les critiques avertissent que cette approche pourrait entraîner une répartition inégale de la charge de travail, certains médecins prenant en charge plus de patients que d’autres, alors que tous seraient soumis à la même évaluation globale. D’autres craignent qu’une pression accrue sur la rapidité ne compromette la qualité des soins pour les patients aux conditions complexes.

Le Dr Thomas O’Neill, de Shawville, estime qu’il n’existe pas de solution rapide au problème. « L’accès aux soins de santé est devenu un enjeu générationnel. Le Québec n’a pas anticipé le vieillissement de la population ayant des maladies chroniques, leurs besoins changeants, ni les nouveaux services requis pour soigner les patients adéquatement. Les médecins vieillissent, beaucoup sont sur le point de prendre leur retraite, et les nouveaux médecins veulent un équilibre travail-vie personnelle — ils ne travailleront pas les 70 heures par semaine que nous faisions auparavant. »

Les responsabilités des médecins s’étendent au-delà des rendez-vous en clinique, incluant les tournées à l’hôpital et les quarts aux urgences, ce qui soulève des questions sur la façon dont ces tâches seront prises en compte dans les quotas de patients.

De nombreuses réformes en santé au Québec ont été motivées par des mesures de réduction des coûts. Dans le Pontiac, le sous-financement chronique aggrave la situation, affirme Josey Bouchard, présidente de Pontiac Voice, un groupe d’action communautaire. « « Les comptables de Québec se trompent, dit-elle. Ils ne sont pas en phase avec la réalité du monde médical. De l’autre côté de la rivière, les infirmières, les techniciens et les médecins sont attirés par de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. »

Le projet de loi 106 représente une tentative d’améliorer l’accès aux services médicaux. Mais de nombreux membres de la communauté médicale soutiennent qu’il est peu probable qu’il s’agisse de la solution dont le Québec a besoin. Selon eux, des consultations publiques plus larges et plus approfondies sont essentielles pour élaborer des réformes réellement efficaces.

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