Postes Canada dans l’impasse après le rejet des offres contractuelles
par les employés
Publié en ligne le 13 août 2025 sur www.journalpontiac.com.
Tashi Farmilo
OTTAWA – Postes Canada se retrouve de nouveau dans une position difficile après que les membres de son plus grand syndicat, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), ont voté contre les offres contractuelles finales visant à la fois les employés urbains et ruraux. Le vote, confirmé par le Conseil canadien des relations industrielles, laisse les négociations dans l’impasse et bloque d’importantes réformes opérationnelles.
L’offre rejetée faisait suite à près de 18 mois de négociations. Malgré plus de 200 rencontres et une intervention fédérale, les deux parties n’ont pas réussi à s’entendre. Le syndicat affirme que les offres ne garantissaient pas suffisamment la protection des salaires, la sécurité d’emploi ou les conditions de travail. Postes Canada soutient que des changements sont nécessaires dans la façon de livrer le courrier et les colis, notamment par des itinéraires plus flexibles, des livraisons la fin de semaine et de nouveaux modèles de dotation, afin de rester compétitive et financièrement viable.
Les employés postaux continuent de travailler, mais selon les modalités de la convention collective expirée. Les interdictions d’heures supplémentaires sont toujours en vigueur, et des retards de service sont signalés, en particulier dans les régions rurales comme le Pontiac, où de nombreux résidents dépendent du service postal pour la livraison de médicaments, de commandes en ligne et d’expéditions de petites entreprises.
Postes Canada fait également face à une pression accrue de la part des concurrents du secteur privé. La livraison de colis est devenue la principale source de revenus des services postaux, alors que le volume de courrier diminue constamment. Des entreprises comme Amazon Logistics, Intelcom, Dicom, Purolator et UniUni connaissent une expansion rapide. Elles offrent des livraisons flexibles, sept jours sur sept, un suivi en temps réel et des prix plus bas en ayant recours à des conducteurs contractuels et à des systèmes de tri automatisés. Ces entreprises gagnent du terrain non seulement en milieu urbain, mais aussi dans les petites communautés.
Postes Canada, en revanche, exploite un réseau hérité de la distribution traditionnelle de lettres. Cette infrastructure est plus coûteuse à entretenir et plus difficile à adapter à un marché désormais axé sur les colis. Même Purolator, dont Postes Canada est l’actionnaire majoritaire, fonctionne désormais avec une certaine autonomie et concurrence de plus en plus sa société mère pour les livraisons.
Avec le rejet du vote, les prochaines étapes restent incertaines. L’arbitrage obligatoire est une option, où une tierce partie indépendante déterminerait les modalités du nouveau contrat. Toutefois, le STTP s’y est historiquement opposé.
Le gouvernement fédéral pourrait aussi envisager de légiférer pour imposer une résolution, bien qu’une telle mesure risquerait d’être critiquée sur le plan politique et contestée sur le plan juridique par les groupes syndicaux. En l’absence d’entente, Postes Canada pourrait être forcée d’envisager des changements structurels plus importants, comme la réduction de certains services, la sous-traitance de routes ou la séparation de ses opérations de colis et de courrier.