Un « précédent dangereux »? Le gouvernement fédéral annonce une compensation dans le secteur laitier à la suite d’accords commerciaux

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Allyson Beauregard
(tr. LT)

Le 16 août, Marie-Claude Bibeau, ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire, a annoncé que le gouvernement fédéral allait mettre à la disposition de près de 11 000 producteurs laitiers du Canada une somme de 1,75 milliard $ sur huit ans

Allyson Beauregard
(tr. LT)

Le 16 août, Marie-Claude Bibeau, ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire, a annoncé que le gouvernement fédéral allait mettre à la disposition de près de 11 000 producteurs laitiers du Canada une somme de 1,75 milliard $ sur huit ans
en financement additionnel pour compenser les pertes financières liées à l’Accord économique global et commercial entre le Canada et l’Union européenne et à l’Accord
global et progressif pour le partenariat Trans-Pacifique.
Ces deux accords, qui sont entrés en vigueur en septembre 2017 et en décembre 2018 respectivement, accordaient un accès international à environ 7% du marché canadien des produits laitiers.
Sur les 1,75 milliard, 345 millions $ seront versés cette année sous forme de paiements directs et profiteront aux producteurs laitiers en proportion de leur quota. Selon un communiqué de presse publié par le député de Pontiac Will Amos, le propriétaire d’une ferme comptant 80 vaches laitières recevra 28 000 $ la première année.
Le gouvernement fédéral a l’intention de mandater la Commission canadienne du lait pour effectuer ces paiements et pour qu’ils continuent à travailler avec les producteurs laitiers du Canada afin de déterminer les modalités et les conditions pour les années à venir.
Robbie Beck, propriétaire d’une ferme laitière à Shawville, est heureux que le gouvernement prévoit de respecter les promesses faites aux producteurs laitiers suite aux négociations commerciales, mais il est inquiet que ce geste constitue un « dangereux précédent » pour les ententes commerciales futures. « Nous voulions que notre marché soit protégé, pas des compensations pour les concessions. »           
“Les agriculteurs veulent gagner leur existence et faire croître leur entreprise en tirant profit de leur troupeau et non pas en attendant un chèque du gouvernement. Une plus grande partie de notre marché sera-t-elle cédée dans l’intention de payer les agriculteurs pour leur permettre de négocier de futures concessions commerciales? », disait Beck au Journal.
Les producteurs laitiers du Québec versent une partie des revenus de leur ferme dans le marché laitier québécois et les Producteurs laitiers du Canada investissent des fonds dans la commercialisation et l’innovation de produits afin de développer le marché national des produits laitiers; beaucoup de travail et d’argent sont investis. « Investissons-nous cet argent afin que l’expansion du marché puisse être échangé dans le futur? », demandait M. Beck.
Selon lui, il est important que les producteurs laitiers utilisent leurs fonds de manière stratégique pour améliorer au maximum leur efficacité avec de nouveaux investissements ou fassent un remboursement de la dette ou une combinaison des deux. « Tous les indices permettent de prévoir une réduction constante de la marge de profit dans le secteur des produits laitiers. L’efficacité sera donc essentielle pour les activités du secteur », a-t-il conclu.
Le gouvernement fédéral confirme également son engagement à « soutenir pleinement et équitablement les producteurs laitiers » une fois que l’accord des États-Unis, du Mexique et du Canada entrera en vigueur, soit vers la fin de l’année ou en 2020.                             (LT)