Réflexions sur la charte

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André Macron


André Macron

En général, je ne me prononce jamais sur le sujet des religions. J’ai un profond respect pour le droit de croire ou de ne pas croire et je me méfie des interprétations et conclusions hâtives sur ces questions-là. Mais, à l’heure où, bon gré mal gré, le Québec réfléchit, je réfléchis aussi sur cette Charte qui semble susciter de nombreuses réactions, déclencher des passions, et qui laisse peu d’indifférents.
Fatima Houda-Pépin, députée de La Pinière, n’a pas eu d’autres choix, dans la poursuite de la défense de ses convictions, que de quitter dernièrement le Parti Libéral. Désolidarisation d’avec son groupe politique ou défense de valeurs fondamentales, les raisons du départ des rangs du Parti Libéral de Mme Houda-Pépin ne feront sans doute pas consensus, selon le point de vue adopté.
Que l’on soit d’accord avec l’une ou l’autre des positions, les chiffres sur cette réalité sont toutefois éloquents : l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires pour les employés de l’État obtient maintenant le soutien de 60 % des Québécois et est appuyée par 69 % des francophones. La Charte en tant que telle et dans toutes ses mesures obtient l’appui de 48 % de la population et le Parti Québécois gagne en popularité sur cet enjeu.
N’est-il pas étonnant de constater l’ampleur d’un tel appui, notamment du côté des francophones, alors qu’il n’y a pas de cela si longtemps, les Canadiens Français ont pu conserver leurs institutions et leur religion lorsque, résistant à l’époque aux colons anglais et encouragés dans leur démarche par l’Église justement, ils entamaient une « guerre des berceaux » qui devait leur permettre de survivre, de perdurer et de constituer, quelques centaines d’années plus tard, une véritable société distincte. À ce titre, la religion qui a fondé la nation québécoise n’est-elle pas partie intégrante, qu’on le veuille ou non, de son histoire et de ses traditions et ne mérite-t-elle pas, elle aussi, de perdurer au sein de nos institutions ?
Je me souviens d’un temps où je n’étais pas né où deux idéologies, aujourd’hui clairement condamnées (à juste raison), le communisme et le nazisme, ont eu leur comptant de démêlées avec la religion. Aujourd’hui, le Parti Québécois n’est-il pas clairement montré du doigt (et condamné) pour profonde intolérance… Hé oui, le mot est prononcé !… racisme même ? N’est-ce pas là une réduction simpliste et dangereuse de la réalité ? Si toucher aux questions d’identités soulève souvent de toutes parts des extrémismes divers et injustifiables, n’est-il pas du devoir de tout parti politique de se poser la question de l’identité québécoise dans une société en constant changement, de plus en plus multiculturelle ?
Je ne sais si, par la Charte des valeurs, le Parti Québécois détient la solution ultime pour le Québec… En fait, je ne le crois pas ! Mais je pense par contre, vu les réactions considérables dans ce dossier et l’implication même de toute une population, que le Parti Québécois a mis le doigt sur une priorité présente de tous les peuples, redéfinir l’identité et préserver la culture dans un contexte d’uniformisation et de mondialisation de toutes les sociétés. Que l’on soit anglophone, francophone ou de toute autre nationalité, si l’on vit au Québec, bon gré mal gré, il faudra bien se poser des questions sur son identité de Québécois.