Chalk River : quand le passé se veut garant de l’avenir

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Chalk River n’a certes pas fini de faire couler de l’encre, mais tant qu’il ne s’agit que d’encre… Alertée par les quelques articles qui constituent en ce moment
l’actualité de cet ancien réacteur nucléaire, je me rappelle certains de ses moments qui en ont marqué l’histoire.

Chalk River n’a certes pas fini de faire couler de l’encre, mais tant qu’il ne s’agit que d’encre… Alertée par les quelques articles qui constituent en ce moment
l’actualité de cet ancien réacteur nucléaire, je me rappelle certains de ses moments qui en ont marqué l’histoire.
En décembre 2007, notre capacité canadienne d’approvisionnement en isotopes à travers le Canada et d’autres parties du monde faisaient la Une de tous nos journaux et celle de quelques journaux étrangers, plongeant le site de Chalk River au cœur d’une tourmente politique et médiatique de surcroît. À l’époque, le
réacteur avait été fermé pour des raisons de sécurité, plusieurs fuites « mineures » de matières radioactives ayant été détectées.
Il est clair que je n’y connais pas grand-chose en matière de nucléaire, mais il me semble tout de même que parler de fuites « mineures » dans ce domaine est plus qu’un euphémisme. Cela étant dit, pour une fille dont le nuage de Tchernobyl a survolé l’enfance, il n’y avait pas là de grandes raisons de s’inquiéter sans doute.
Une législation parlementaire d’urgence devait d’ailleurs permettre de rétablir la
situation très rapidement (peut-être trop) puisque cela a même valu à Madame Linda Keen de perdre ses fonctions de présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. À l’époque, Madame Keen se disait inquiète pour la santé des Canadiens. Ses inquiétudes n’ayant sans doute pas lieu d’être, elles ont été très vite étouffées et nous devions nous en sentir pleinement rassurés ou tout du moins, jusqu’au 27 février 2013 où la catastrophe nucléaire a été évitée de peu. À l’origine : une simple erreur humaine. Selon la Commission canadienne de sûreté nucléaire, « l’évaluation systématique des dangers potentiels et de leur possible atténuation sous-estimait les possibilités d’erreurs humaines ».
Ce n’est pourtant que le 14 mai de la même année que l’« incident » était finalement rendu public. À l’époque, aucune des mesures d’urgence préétablies n’avaient été appliquées. Malgré un plan régional d’intervention mis en place en
juillet 2012, les autorités et les organismes en charge n’avaient pas jugé nécessaire d’avertir la MRC de Pontiac. Sans doute l’événement, catégorisé « niveau I » par Énergie Atomique Canada, niveau considéré comme le plus haut degré de dangerosité, n’était-il vraiment qu’un « incident » finalement ? Il n’y avait pas là de quoi s’inquiéter.
Il est aujourd’hui question d’un énorme site d’entreposage de matières radioactives à Chalk River, sur les berges de la rivière des Outaouais. Mais même si de nombreux citoyens dénoncent les risques de fuites (je ne sais pas si celles-là seraient « mineures » par contre), même si les promoteurs du projet ne sont pas présentement en mesure d’assurer que ces fuites n’auront pas lieu, même si la période d’activité du site est prévue pour 50 ans et que la durée de vie d’un déchet radioactif varie, selon les discours, de centaines d’années à des centaines de milliers d’années, il n’y a là sans doute aucune bonne raison de s’inquiéter. Cela étant dit, si jamais vous n’étiez pas rassurés, vous pourriez toujours envoyer vos commentaires jusqu’au 17 mai prochain à la Commission canadienne de sûreté nucléaire, en espérant que ses interventions passées ne soient pas les uniques garantes de notre avenir.

Dominique Bomans est enseignante
à l’école secondaire Sieur-de-Coulonge.
Elle y enseigne principalement le français.